L'exposition a pour ambition de retracer la participation de la VIIe Région économique (correspondant à un Limousin élargi) à l’Exposition de 1925, de sa genèse à son rayonnement international.
Pour la première fois, est proposée une reconstitution du pavillon régional, dit « de Limoges », qui abritait toute la diversité des productions limousines d’arts appliqués modernes : porcelaine, émail, vitrail, tapisserie, ganterie, ou encore reliure et mobilier…
Riche de 350 œuvres, issues de collections particulières et d’institutions publiques, le visiteur est invité à découvrir la richesse culturelle et artistique de Limoges, cité industrielle aux savoir-faire mondialement reconnus. Elle a permis à ses fabricants et artisans d’art, appelés par les organisateurs de l’événement à « Faire moderne », d’être admirablement représentés au Grand Palais, dans les pavillons des grands magasins et autres pavillons prestigieux de l’Exposition parisienne de 1925.
Le réseau Émail Métal et Feu et le réseau Réfractaires, en partenariat avec le Syndicat professionnel des émailleurs français s’associent à cet anniversaire pour proposer un événement en deux volets, Savoir-Faire Moderne, mettant en valeur la vitalité contemporaine des Arts du feu : céramique, émail et vitrail.
À l’instar de ce qui avait été proposé par l’Exposition de 1925 à Paris, il s’agit d’explorer la diversité et la perméabilité des différentes formes d’art à l’aune de la notion de « modernité ». Près de 150 œuvres d’artistes nationaux et internationaux sont réunies.
Cette exposition bénéficie d’un partenariat exceptionnel avec le Musée national Adrien Dubouché et la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson, est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture / Direction régionale des affaires culturelles de Nouvelle-Aquitaine.
1925. L’Exposition de Paris : La naissance de l’Art déco ?
L’Exposition des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925 ouvre ses portes en avril.
Elle avait été projetée dès 1909, suite à l’immense succès de l’Exposition Universelle de Paris en 1900. Initialement prévue en 1913, l’irruption de la Première guerre mondiale oblige à reporter l’événement en 1915, 1916, 1922, 1924, et, enfin… 1925 !
En 1901, la fondation de la Société des artistes décorateurs, dont l’objectif est de réunir les membres des différentes corporations pour mieux les défendre et les promouvoir notamment par l’organisation d’événements, est fondamentale pour comprendre l’orientation de l’Exposition : elle sera consacrée uniquement aux arts décoratifs et industriels, les Beaux-Arts n’y figurant pas. En ce sens, l’exposition de 1925 n’est pas Universelle ; elle n’en reste pas moins internationale, avec une vingtaine de pays participants.
L’exposition occupe un emplacement de 23 hectares situé entre l’esplanade des Invalides, le pont Alexandre III et le Cours la Reine. C’est une véritable ville éphémère qui surgit jusqu’en novembre, faite de pavillons abritant les productions des différents pays, des groupements régionaux français ou d’entreprises et de magasins. Le Grand Palais est également occupé, abritant la section de l’Enseignement, et les œuvres des Écoles d’art, dont celle d’Aubusson. Une large place est faite aux loisirs et divertissements : jardins, fontaines, mais aussi théâtre, cinéma et manèges animent les lieux, faisant de l’exposition un lieu de fête, à l’image de ces Années folles que la France traverse.
Pour la première fois en France, une exposition a un programme commun pour l’ensemble des participants : « une exposition qui s’étend à tous les arts décoratifs appliqués à l’architecture, au mobilier, à la parure, à l’art de la rue, à l’art du théâtre et à l’art du jardin. Elle sera réservée à des œuvres d’une inspiration moderne, à l’exclusion de toute copie ou de tout pastiche du passé » ; en un mot il faut « faire moderne ». Ce mot d’ordre confère à l’exposition une grande homogénéité que ce soit dans son architecture ou dans les objets proposés. Si la tendance générale montre une nette géométrisation des lignes, en réalité en germe dès avant la Première Guerre mondiale, la « modernité » n’est pas comprise de la même façon : purement esthétique pour certains elle est un acte de transformation sociale pour d’autres, tel Le Corbusier et son Pavillon de l’Esprit Nouveau, bannissant toute notion de décor, et alors largement décrié.
L’Exposition de 1925 voit surtout le triomphe des Grands Magasins, du luxe et du raffinement, véhiculant durablement l’idée d’une « élégance à la française » qui s’exportera à l’international, notamment vers les États-Unis : on parle alors de « Style moderne », ou de « style Paquebot ». Il faut attendre les années 1960 pour voir naître l’appellation Art déco, définissant un style géométrique et épuré, s’opposant aux courbes et au débordement Art déco.
La VIIe Région en son pavillon : le style 1925
« Les porcelainiers, les émailleurs de Limoges, les admirables tapissiers d’Aubusson, les potiers de la Charente, les peintres de la Corrèze, réunis dans un seul et vaste palais, n’est-ce point l’image même des tendances et des aptitudes de notre pays : richesse d’imagination, amour de l’art, habileté manuelle et sens des réalités. »
Le Courrier du Centre, 16 octobre 1925
Prévue en 1922, l’Exposition des arts décoratifs et industriels modernes stimule l’industrie de la porcelaine, les manufactures d'Aubusson et de Felletin et enfin les émailleurs, qui ont, à cette date, pour beaucoup, déjà misé sur le fait d’être « Modernes ». Ils vont dès lors contribuer à l’histoire de l’Art déco qui apparaît comme un mouvement global aux influences et expressions multiformes, un « style 1925 ».
Plus de 57 exposants, toutes disciplines confondues, sont abrités au sein du pavillon dit de Limoges ; ces différents acteurs, dont beaucoup se virent décerner des médailles et grand prix furent réunis par Eugène Alluaud, personnalité artistique de premier plan. Si la porcelaine occupe une place majeure, sont également présentés les émaux, la tapisserie, le mobilier, la ganterie, la reliure et la papeterie...
Toutefois, de nombreux artistes régionaux exposent ailleurs, notamment au sein des quatre grands pavillons des grands magasins parisiens, leur permettant d’élargir leurs éventuels clients. En outre, il ne faut pas oublier le rôle des écoles d’art, de Limoges ou d’Aubusson, dont les œuvres, parfois plus modernes, sont présentées dans la section Enseignement – sise au Grand Palais.
La modernité des pièces présentées en 1925 réside autant dans le style que dans leurs usages : sont ainsi exposés des lampes ou des brûle-parfums électriques. Aux couleurs pastel et diffuses de l’Art nouveau s’oppose dorénavant l’éclat de palettes chaudes et brillantes, alliant bleus, verts, jaunes, rouges. Certaines restent plus traditionnelles car il s’agit de plaire avant tout au public. Le rôle de la lumière, naturelle ou artificielle, est omniprésent, qu’il fasse miroiter les surfaces des porcelaines, les paillons d’argent des émaux ou qu’il joue avec la transparence des verres des vitraux.
Se dégage de l’ensemble la permanence de motifs figuratifs : fleurs, animaux et personnages abondent, même si une certaine géométrisation gagne. Des motifs connaissent alors un grand succès : fontaines jaillissantes, corbeilles de fleurs ou de fruits investissent tous les supports. Un motif domine, celui de la rose schématisée, dite « Iribe » – motif créé en 1908 -, du nom de son créateur Paul Iribe. On le retrouve décliné à l’envi sur les œuvres, devenant l’un des motifs de référence de l’Art déco.
Il reste difficile d'identifier avec exactitude les pièces présentées au sein du pavillon régional : certaines porcelaines sont parfois documentées par des articles de presse et photographies d'époque et, pour certains modèles rapidement conservés – rejoignant dès 1925 le musée des Arts décoratifs à Paris puis en 1928, le musée national Adrien Dubouché à Limoges –, ainsi que les tapisseries et tapis exposés – connus par des photographies d'époque – le travail est plus complexe concernant les autres domaines comme l'émail peu photographiés et commentés en détail. Les émaux de l’Exposition de 1925 sont rares, les tapisseries et le mobilier ont disparu. Il a donc fallu travailler par équivalence : rapprocher les formes ou productions similaires de tel atelier d'émailleur pour en suggérer l'esprit 1925. Enfin, puiser dans les remarquables productions de l’École d’art d’Aubusson présentées au sein du Grand Palais – section « Enseignement » pour évoquer celles, disparues, du pavillon, dues aux grands décorateurs Édouard Bénédictus et Jean Beaumont.